Si en plus il évoque cette fameuse nuit, c'est vraiment qu'il aime les détails. Comment lui dire ce que j'ai vu ? Je risque de révéler l'un de mes secrets en lui répondant. C'est gentil de sa part de proposer son aide pour l'affaire de l'assassinat de mes parents, devrais-je lui parler des autres : celle des mes autres parents et celle de Jillian ? Je vais peut-être aller un peu loin avec quelqu'un que je viens à peine de rencontrer et honnêtement je ne sais pas si c'est une bonne chose de faire ça, par principe. Bon, d'abord commencer par mes parents, pour la fameuse nuit on verra après.

- Honnêtement, je ne me rappelle pas vraiment du procès, bien que le reste de l'affaire m'est resté en tête. Je serais incapable de vous dire cette information même si je le voulais. De toute façon, je crois bien que je suis maudit. Tout part en l'air autour de moi à chaque fois que je connais un semblant de bonheur. Cela se termine toujours par un assassinat résolu toujours par la manière du cambriolage qui a mal tourné. J'ignore ce que Dieu a contre moi, mais je crois qu'il doit me détester. J'ai beau croire en son existence, ce que je vis me fait voir qu'il aime me laisser tomber.

*Bon, ça c'est fait. Comment lui parler de la nuit ?*

- Pour la fameuse nuit, j'ai oublié la date mais je n'ai pas oublié ce que j'y ai vu. J'avais un travail important à terminer dans la société où je travaillais à l'époque et l'envie de rentrer chez moi n'est pas venue. J'ai alors décidé de me promener un peu, ici et là, comme aujourd'hui, pour oublier le passé. La seule chose que j'ignorais était ce que j'allais y voir. Cela a boulversé ma conception de l'impossible, bien que l'impossible fasse parti de ma vie. Ce Sylar, restera dans ma vision de l'horreur.

Je baissa à nouveau la tête, de peur d'avoir évoqué des évènements trop importants pour lui.

M'aider à retrouver la paix intérieure est, je le sais très bien, une chose impossible à réussir, compte tenu des évènements actuels qui boulversent ma vie. Le fait qu'il ne dira rien à personne au sujet de ce dont je lui ai parlé signifit-il qu'il a compris ce que je suis ? Comme il est exactement comme moi, il peut très bien comprendre mais un pouvoir tel que la pyrokinésie risque de le perturber. Déjà que Sylar est, pour lui, une vision d'horreur, un pouvoir de feu risque de le rendre beaucoup plus méfiant à mon égard. Le feu signifie l'enfer et non la bienveillance, ce qui me rend paradoxal au yeux du monde. Voir un politicien comme lui, en tant qu'homme, ne pas connaître le bonheur, que chacun mérite, me laisse voir à quel point la vie est cruelle parfois. Même si nous faisons des erreurs, cela arrive à tout le monde, personne ne mérite d'être exclu. S'il y en a bien un qui mériterait de retrouver la paix intérieure, c'est bien lui car je ne le mérite pas.

- Je pense que vous méritez beaucoup plus que moi de retrouver la paix intérieure. Une malédiction est faite pour nous poursuivre mais des chemins annexes se tracent parfois pour nous faire sortir du labyrinthe. Ne dites pas que vous êtes perdu car je ne le croirais pas. Des évènements changent une personnalité, je le sais, mais le futur n'est jamais décidé, quelqu'un m'a dit ceci un jour. L'enfer n'est pas fait pour quelqu'un comme vous. De toute façon pour moi c'est...

Mon maudit téléphone sonna alors que notre conversation commence à devenir réellement intéressante. J'aurais du l'éteindre !

- Excusez-moi, j'aurais du l'éteindre. Réfléchir avec le téléphone allumé ne resemble en rien à une réflexion efficace.

*Mon dieu, mais suis-je bête ou bien je le fais exprès ? Dis-lui que tu souhaites l'aider parce que tu comprends ce qu'il traverse au lieu de philosopher sur la théorie du bien et du mal ! Mais dis-lui !*

Après avoir rapidement pris connaissance du message de mon voisin que j'avais reçu sur mon téléphone, je l'éteignis une bonne fois pour toutes. Je lui parlerai plus tard, Nathan est prioritaire.

- Il faudrait que j'apprenne à mon voisin d'arrêter de m'envoyer des messages dès qu'il a quelque chose de dévissé. Je ne suis pas à sa disposition chaque jour non plus.

Je devrais peut-être trouver un moyen de lui parler de ce que je sais faire calmement. Je sais très bien ce que lui et sa famille sont capables de faire alors qu'est-ce qui m'empêche de lui parler ? Des simples suppositions de réactions qu'il pourrait avoir. Qu'est-ce que Jillian ferait à ma place : lui parler ou bien se retenir par manque de confiance en soi et envers lui également ?

- J'espère que vous n'aviez aucun rendez-vous car je n'aimerais pas vous avoir retenu et que vous oubliez quoi que ce soit d'important à cause de moi.

Il faut sérieusement que je me calme, que je détende. Nathan ne m'a pas repoussé, il n'a rien fait de méchant envers moi. Je devrais peut-être lui proposer mon aide, peu importe dans quel domaine, mais lui proposer mon aide.

Si seulement il savait qu'il n'était pas le seul à vivre une vie chaotique. Il ne faut jamais dire que cela n'arrive qu'à une personne, plus souvent soi-même. Ce que l'on ignore, souvent parce que le monde est beaucoup trop grand, c'est que sa population fait preuve d'une telle nuance. Cette nuance est tellement complexe et tellement différente, mais elle forge des personnes telles que Nathan et moi. Tout le monde subit des désillusions, mais la vengeance n'arrive pas à tous les coups. Même moi, trop compliqué pour être honnête et trop gentil alors que la vie ne l'est pas, j'ai réussi à me retenir de me venger. Pourtant, ce n'est pas l'envie qui me manquait. Voyant tous ces meurtres autour de moi, toujours ces mêmes meurtres, ces mêmes malheurs, une répétition meurtrière qui pousse à la vengeance, j'aurais du laisser éclater ma colère mais j'ai réussi à me retenir, pendant toutes ces années. Cette pulsion doit être le problème de Nathan. C'est un homme brisé mais il mérite sa rédemption.

- Votre jugement dit que je suis un homme bon mais ma conscience a du mal à le croire. Ne vous demandez pas pourquoi mais c'est le cas pourtant. J'ai beau être d'une nature à vouloir aider les autres, le chemin ne peut pas marcher en sens inverse. J'aimerais pouvoir faire quelque chose, un petit geste, une pincée de joie pour enlever votre torture ! S'enfermer sur une vengeance, justifiée ou non, est ce qui détruit la lumière en nous. J'ai déjà fait cette erreur une fois, je connais la suite. Voyant ces meurtres autour de moi, j'ai retenu cette pulsion qui m'incitait à me venger pour éviter de faire une nouvelle erreur, faire souffrir l'humanité par mes bêtises. Vous voir comme ça me rappelle trop mon expérience et je n'ai pas envie que vous regrettiez vos actes plus tard.

*Je rêve ou quoi ? C'est une larme ! Une larme, venant de moi, à cet instant, sans justification majeure, mais pourquoi Nathan me fait cet effet-là ?*

S'il y a bien une chose qui m'énerve en ce moment, que je fais sans m'en rendre compte, c'est pleurer, pleurer devant un homme que je viens à peine de rencontrer. La situation de Nathan me rappelle étrangement la mienne, celle de l'enfant de la Terre perdant ses racines, changeant radicalement de personnalité, faisant des erreurs, vivant la souffrance, la causant parfois aux autres. Nathan se dit perdu, sans espoir de sauvetage, mais honnêtement, je ne le crois pas. S'il y a une chose dont je suis convaincu, Jillian me l'a appris par son travail d'infirmière, c'est que le fait de se croire perdu, sans espoir de retour, n'est que l'instrument de notre jugement. Le fait de pouvoir renaître, se fabriquer de nouvelles ailes, est bien le meilleur cadeau que l'on puisse faire à quelqu'un, la pincée de joie qui manquait. Nathan me rappelle la personne que j'étais, au moment où je n'avais pas encore rencontré Jillian, celle qui s'était brûlé les ailes pour aimer l'exil. Il vaudrait mieux que je le rassure, il doit avoir peur que je révèle sa véritable nature aux vipères de la vie, les médias.

- Excusez-moi, je suis trop...enfin excusez-moi.

*Trop idiot ! Tu es trop idiot ! Sèche tes larmes et dis-lui pourquoi tu pleures !!!*

- Je pense comprendre ce qui vous inquiète et je vais vous rassurer. Donner quoi que ce soit aux médias par rapport aux capacités que j'ai vues ne me ressemble pas, cela fait parti de mes principes depuis longtemps, pour cause de mauvaise expérience. J'ignore la réaction que le commun des mortels aurait en apprenant que n'importe qui peut lire dans leurs pensées, s'introduire chez eux par invisibilité, les congeler au sens propre du terme...je crois que le dessin est fait. Certains pouvoirs sont dangereux et utilisés à mauvais essien, je peux le reconnaître. Mais certaines personnes se servent de leur pouvoir, effrayant ou non pour aider l'humanité à retrouver une meilleure vie, plus sécurisée. Comment les reconnaître ? Je ne sais pas. Les mauvaises intentions sont trop nombreuses, qu'on les distingue très bien. Les bonnes intentions, elles, bien cachées parmi ses dangers, deviennent invisibles, trop discrètes pour être reconnues et assimilées au bien. C'est ce que j'aimerai que certains comprennent à mon sujet.

*Tu n'es pas détendu Tyler, respire, zen, reste zen. Sois gentil et tais-toi. Tu es encore perturbé par le coup de fil de ce matin, calme-toi !*

Il montre qu'il a l'air sincère et j'espère qu'il est. Il se met à me raconter son histoire, tout ce qu'il a du traverser. Honnêtement, une vie comme la sienne n'est pas considérée comme une vie mouvementée, c'est pire que ça. Je suis sur que si j'étais en face de l'autre, il ne m'en aurait pas raconté autant. Finalement, l'influence d'un père envers un fils est beaucoup plus intense que ce que je croyais. En même temps, son père, niveau mystère, doit être à un échelon supérieur à son fils, du moins je suppose. Maintenant qu'il est mort, Nathan n'a plus aucune obligation envers lui, rien ne l'empêche de suivre la voie qu'il entend, mais il est coincé, étant vers ce chemin depuis trop longtemps. Il a vraiment besoin d'aide mais j'ignore si je suis celui qui doit lui apporter. Sa famille, excepté sa mère bien sûr, devrait être la solution la plus évidente. Il a dit lui-même que sa fille était sa seule part d'humanité, il devrait s'en approcher au lieu de préférer la solitude, passer du temps avec elle et oublier son père au moins ! Pour Sylar, je sais que rien ne pourra être fait, seul le temps pourra l'aider.

- Mais pourquoi ? Pourquoi me racontez-vous tout ça ?

*Un monstre ? Il n'est pas un monstre, je suis LE monstre !*

- De quelle vérité parlez-vous exactement ? Y-a-t-il un quelconque rapport avec la haine que vous portez envers vos parents ?

Mon dieu, ne me dites pas que c'est ce que je crois. S'il a subi quelque chose de ce genre, je comprendrai sa haine, n'importe qui comprendrai. On peut haïr quelqu'un mais la pulsion de vengeance qu'il a est très forte, il a réellement besoin d'aide.

Il m'écoute. C'est déjà un bon début et il s'intéresse à toute mon histoire alors que personne avant ne l'avait fait comme lui. C'est une sensation étrange que je ressens. J'ai confiance. Cela ne m'était arrivé depuis très longtemps. Je peux raconter ce que j'ai vécu. Il sait que je suis quelqu'un de compliqué mais j'ai également un passé compliqué. La haine que j'ai envers les personnes qui m'ont trahi est tellement forte qu'elle me guide tous les jours. Je n'ai jamais su si un jour mes parents m'aimaient pour ce que j'étais et non pour ce qu'ils voulaient que je devienne. Je suis le fruit de leur éducation, de leur souhait les plus chers. Ils m'ont donné vie. Je ne souhaite à personne tout ce que j'ai vécu. Peter ignore ce que je vis. Il pense m'aider mais il défendra toujours Maman alors que moi, je sais la vérité sur toute notre vie. Elle n'a été que mensonge. Je ne sais pas encore ce qu'elle peut cacher d'autre. Si un jour, je la retrouve, elle va subir ma colère et mon desespoir. Je hais ce monde pour ce que je suis ! Je le hais ! Mon dieu, montrez-moi au moins que je peux avoir une existence propre et que le monde a une place pour moi. Je me considère comme en dehors de ce monde. Je suis seul.

Nathan : Vous m'avez raconté votre histoire alors que vous auriez très pu me dire que cela ne me regardait pas. Je pense que nous nous connaissons mieux maintenant et il était normal pour moi de vous raconter toute la vérité. Voilà l'enfer que je vis depuis tellement longtemps. On a toujours contrôlé mes pensées, mes agissements, mes envies, mes désirs. C'est ce que voulait ma mère. La réflexion de ma mère le jour où normalement New York devait exploser était de laisser mourrir mon frère Peter. Le pire c'était que je l'avais écouté. Ma fille était là pour me remettre dans le droit chemin en me disant que l'avenir n'était pas encore décidé. On m'a fait prendre une solution afin que j'obtienne un pouvoir. J'ai subi des expériences rien que pour mes parents. Je suis le fruit de la volonté de mes parents, de leur désir de voir leur fils acquérir un pouvoir. Je les hais pour tout ça. Je suis perdu depuis très longtemps. Ma vengeance a commencé le jour où j'ai appris la vérité à mon sujet concernant toutes les expériences.

Voilà, il sait ce que j'ai subi diurant toute ma vie. Je ne sais pas du tout qu'est-ce qu'il va penser de tout ça. Je l'ignore.

Subir ce qu'il a subi est une chose que personne ne souhaiterait vivre. Tout ceci à cause du fait que ses parents, du simple fruit de leur volonté, l'ont façonné comme leur idéal, la chose qui devait combler toutes leurs attentes. Ils ne se rendaient pas compte à quel point leur fils souffrait de la pression qu'ils lui mettaient sur ses épaules. Je ne peux pas connaître ses pensées mais au regard de la vie que ses parents lui donnaient, elles ne doivent pas être bien roses. Se venger du monde entier, en voyant ce que ses propres parents lui ont fait subir, est un acte inhumain, mais malgré tout compréhensible. A force de subir le pire, c'est uniquement le pire, que l'on peut donner. *Encore une leçon de Jillian ?* L'aider serait un parcours du combattant mais, vu qu'il me débale sa vie, je devrais continuer aussi. Qui sait ? Cela pourra peut-être m'aider aussi. Je retiens depuis beaucoup trop longtemps mes pensées et mes sentiments par rapport à un mode de vie qui était le mien pendant la majorité de ma vie.

- Ils ont osé faire une chose pareille à leur propre enfant juste pour leurs intérêt sans penser à vous ? Qui donc peut être aussi inhumain ?

Son pouvoir de voler n'est qu'un pouvoir dit "artificiel" mais cela ne change rien pour moi. Cela ne change pas le fait, que Nathan mérite de recevoir de l'aide, tout le monde fait des erreurs.

- C'est ce qu'il n'arrêtait pas de dire, dire que je ne le croyais pas. Il disait que l'enfer qu'il ne ferait pas subir aux autres sera provoqué par son fils, quelle idiotie de ne pas l'avoir cru.

*Que m'arrive-t-il ? Quelle est cette douleur qui secoue ma tête ?*

- J'espère que vous ne croyez pas que j'apprécie votre père. Je le hais autant que vous bien que je ne sois pas son fils. J'ai également mes raisons d'haïr votre mère, après ce qu'elle a fait subir à mon jeune frère. Elle m'a oté la seule partie de ma famille d'origine qui me restait, même si elle l'ignore elle-même.

Je me tenais la tête depuis toute à l'heure, la douleur est très forte, beaucoup trop forte. Vais-je tenir ?

C'est de pire en pire. Il m'est arrivé d'avoir mal à la tête, mais pas à ce point-là. Il me demande davantage de réponses par rapport à ses parents et je le comprend, car n'importe qui aurait fait la même chose. Il faut que je lui dise. Il faut à tout prix que je lui dise, ce que je sais, avant que je ne le puisse plus. Si jamais je tombais, quand la douleur sera trop forte pour être supportable, je ne sais pas ce qui se passera ensuite. Je risque surtout de l'inquièter avec mes problèmes.

*Garde ton calme. C'est en restant calme que tu tiendras debout, il faut que tu sois debout.*

Le problème avec MON problème est que je ne le prend pas trop au sérieux. J'ignore moi-même ce qui me provoque ce mal de tête insupportable. En même temps, je ne veux pas le savoir. S'il s'avère que je risque la mort, je préfère l'ignorer et vivre l'instant présent plutôt que de me renfermer encore plus, pour mourir plus vite encore.

- C'est assez compliqué...cette phrase...elle est effectivement de votre père. Il...il...parlait de vous. Votre mère...est...la seule responsable de ce qui est arrivé à mon frère. Il....il en est resté traumatisé jusqu'à...jusqu'à se donner lui-même la mort. Elle...ignore...ignore que c'est mon frère car il est connu...sous...sous un nom d'emprunt, pour se cacher de ceux...qui le pourchassaient. Votre...votre père avait prévu que vous serez...dans...dans cette situation. Si...si...si j'en crois ce qu'il a dit, je pense...je pense qu'il le voulait. Cette phrase, je l'ai entendue pendant que je cherchais mon frère après sa capture, mais j'avais également entendu autre chose....

Cette fois c'est bon, je ne peux plus. Désolé Nathan mais je me sens complètement épuisé.

*Dieu, si tu existes, peux-tu ne pas me faire perdre connaissance devant Nathan ?*