Sa voix parvenait jusqu'à mes oreilles, mais je ne pouvais pas lui répondre, enfin pas encore. Mes capacités pour agir étaient encore au niveau le plus bas, et mon inquiétude venait de cela. Je voudrais tellement lui dire que j'étais heureux de le voir, mais comment faire quand rien ne sortait, que tout restait figé. Je savais maintenant pourquoi tout le monde considérait le fait d'être dans le coma comme quelque chose de dur, puisque je le vivais aujourd'hui, comme chaque mauvais témoin que je voyais, dans la réalité comme dans la fiction. Mon souhait était pourtant simple. Je voulais simplement rire, crier, pleurer, ressentir quelque chose au fait. Être un humain comme les autres définissait mon but, quelque chose de magique, mais d'en même temps inaccessible. Comment vivre dans un but figé dans la pierre, inaccessible à la conscience humaine, mais qui pourtant, devenait la raison de vivre de l'ensemble de l'essence ? Comment pouvais-je encore songer à ma survie, alors que les chances étaient davantage en ma défaveur ?

Mon dieu, mais j'étais réellement égaré au point de penser que j'allais mourir, alors que Nathan me réclamait auprès de lui. Mais pourtant tant de souffrance ? Je pouvais même aller jusqu'à réclamer la pitié ne serait-ce que pour avoir un peu d'aide. Je ne voulais que me réveiller rien d'autre que cela, mais pourquoi était-ce impossible ? J'aimais réellement être avec Nathan, mais le destin nous séparait encore une fois. Evénement d'une grande cruauté, je ne pouvais rien faire contre toi. Misère, mais je voulais tant revenir !!!

*Je suis tellement désolé Nathan. Je te fais souffrir, et je ne peux rien faire pour l'en empêcher. Tes larmes tombent encore à cause de moi. Je t'en supplie pardonne-moi.*

Il n'entendait pas ces paroles, mais je les pensais sincèrement. J'aurais été capable de lui dire cela si j'étais réveillé, or, ce n'était pas encore le cas. Devais-je attendre mon tour ?

Le temps s'écoulait à la mesure même de mes pensées, mais j'avais l'impression de me sentir revivre, comme si quelque chose avait changé. Au fur et à mesure que Nathan parlait, il continuait encore et encore à me sauver, à me ramener. L'entendre parler, cette souffrance causée par ma faute, était quelque chose d'horrible, mais cela me rendait responsable. J'avais une raison de revenir et il s'agissait de Nathan, cette personne-là qui était à mon chevet. Peut-être devais-je essayer de bouger, de redevenir moi-même. A force cela allait bien fonctionner non ? Je ne pouvais plus le supporter. Entendre cette tristesse était trop dur. Je devais revenir à tout prix.

Je retentais ma chance et commençait donc à sortir quelques paroles. Allaient-elles venir jusqu'à ma bouche ? Je ne le saurais pas, en tout cas pas si je n'essayais pas de le faire.

- Nathan ? C'est toi ?

Phrases un peu stupides, alors que je savais pertinemment que c'était lui, mais ce fut le premier réflexe que j'avais pu avoir, aussi étonnant que cela puisse paraître. Ma voix avait l'air de celle d'un mort-vivant, mais bon en général, quand on sortait de cet état-là, soit on ne parlait pas du tout, soit la force de la voix était moindre. Là ce fut la seconde solution. Je bougeais légèrement, enfin comme je le pouvais, et ouvris les yeux lentement. J'étais enfin revenu dans ce monde, sans savoir comment j'avais réussi à le faire. Mais bon, peu importe...

Je croisais enfin le regard de Nathan, après tout ce temps passé à dormir, à prier pour que cette absence puisse s'achever enfin, pour être de nouveau heureux. Ce rêve était comblé rien qu'en l'observant. J'étais sorti de mon coma, enfin. Nathan séchait ses larmes pour afficher un grand sourire, ce que je fis à mon tour également. Ma joie de le revoir était d'un niveau jamais atteint. J'aimerais tellement pouvoir le serrer dans mes bras, mais j'avais encore un peu mal. Je devais faire doucement au niveau des efforts.

- Si tu savais comme je suis content de te revoir. Tu m'as tellement manqué Nathan.

Le temps avait paru tellement long en son absence. Cette joie allait même jusqu'à amener des larmes. Ceci pouvait représenter deux choses : la douleur que j'avais pu ressentir, et également l'intense bonheur qui traversait mon âme. Comment trancher entre ces deux options ? Honnêtement, aucune idée.

- Excuse-moi pour ces larmes, elles n'auraient pas du venir.

Je cherchais sa main et l'atteignis finalement. Dans le fond, ce geste était là pour me rassurer, pour me prouver que tout ceci ne relevait pas du rêve. J'avais été si longtemps absent, alors le fait de me réveiller était quelque chose de nouveau pour moi. Je devais y croire.

Malgré ces larmes qu'il avait sechées, je pouvais bien voir que Nathan était quand même triste. S'il se sentait coupable pour moi, il n'en avait absolument pas besoin. Dans ma tête, le rôle du coupable était déjà attribué, et l'acteur de ce rôle n'était pas lui, mais Richard, ce monstre que je haïssais au plus profond de moi-même. Je tenais la main de Nathan de manière ferme et le regardait.

- Nathan, tu n'es pas responsable de ce qui m'est arrivé. Ce n'est pas de ta faute. Je t'en prie, ne pleure pas.

On se retrouvait enfin. Je ne voulais pas le voir pleurer. Ce serait horrible, alors que je priais le ciel pour le revoir.

- J'ai tout tenté au fond de moi. J'espérais tellement te voir, venir me chercher au plus profond de mon sommeil, et tu l'as fait. En me parlant tu m'as fait revenir. Je suis là Nathan. Nous sommes de nouveau ensemble. Je t'en prie, ne te rend pas responsable d'une chose qui n'est pas de ta faute. Tu n'y es pour rien.

En effet, seul Richard était le véritable fautif de cette histoire. Si Nathan cherchait un fautif, il devait regarder dans sa direction et non dans son propre coeur. De toute façon, si quelqu'un devait se sentir responsable, cela devrait être moi. Celui qui avait convaincu Nathan de s'en aller, malgré les risques prévisibles, n'était autre que moi, et personne d'autre. Nathan devait profiter de cette chance, afin de découvrir la vérité au sujet de Caitlin, et il l'avait saisie. Ce qui s'était passé ensuite était certes horrible, mais ce n'était pas de sa faute. Jamais je ne pourrais condamner ce qu'il avait fait, alors que je l'avais moi-même convaincu. Je ne pouvais que m'en prendre à moi-même.

Je pouvais enfin voir Tyler. J’affichais un grand sourire afin de masquer ma tristesse de tout à l’heure. Avec Tyler, j’avais réussi à m’exprimer dans un domaine où d’habitude, je n’excelle pas c’est-à-dire les émotions. J’osais plus exprimer mes sentiments, mes doutes, mes craintes. Mes relations avec les autres ne pouvaient que s’améliorer grâce à ça. Qui sait, je pourrais me réconcilier avec mon frère. Je ne devais pour l’instant pas vraiment penser à ça car la police souhaite toujours m’interroger. La police n’est pas au courant de ce qui est arrivé réellement à Caitlin ni non plus Tyler à vrai dire. Il va falloir que je lui en parle. Mais chaque chose en son temps, car je n’allais pas tout de suite rentrer dans le vive du sujet. J’appréciais le fait de retrouver Tyler. Je devais par contre faire attention à son état, c’est réellement important. Tyler me disait qu’il était réellement content de me revoir. Je lui avais tellement manqué. Cela me faisait réellement plaisir de le savoir. Après de multiples péripéties, nous nous sommes retrouvés.

Nathan : C’est très important pour moi de t’avoir retrouvé. Je me reconstruis petit à petit et c’est en grande partie grâce à toi. Tu es mon meilleur ami, comme un frère pour moi. Tu m’as énormément manqué pendant mon voyage.

C’est vrai que lorsque j’étais à Odessa, je pensais à lui et surtout au fait que je l’avais laissé seul avec un monstre, le pire que l’on puisse rencontrer. Sylar n’était pas le seul. Le père de Caitlin en était un aussi. Cependant, je voyais Tyler en train de pleurer. Qu’est-ce qu’il lui arrive ? Je ne comprends pas vraiment. Souffrait-il ou au contraire était-il heureux ? En tout cas, c’est une très bonne question. Il s‘excusait pour ces larmes. Selon lui, elles n‘auraient pas du venir. Il ne fallait pas qu‘il s‘excuse car il n‘en avait pas besoin bien au contraire.

Nathan : Tu n’as pas besoin de t’excuser loin de là. Sache que je suis là avec toi.

Je devais le rassurer même si au fond, je ne l’étais pas moi-même. Il suffit de voir la situation dans laquelle je me trouve actuellement. Je me sentais également coupable de ce qui lui est arrivé. Richard n’aurait jamais du lui faire ça. Il fallait l’empêcher de nuire. Cependant, Tyler me prenait la main de manière ferme. Il me regardait attentivement. Il me disait que je n’étais pas le responsable de ce qui est arrivé, que ce n’était pas de ma faute. Il me priait de ne pas pleurer. C‘est réellement très gentil de penser à moi alors qu‘il vient juste de récupérer.

Nathan : Je te remercie énormément de penser à moi. C’est réellement très gentil. Richard n’aurait pas du te faire du mal. Heureusement qu‘il ne m‘a pas suivi jusqu‘à Odessa. D‘ailleurs où se trouve-t-il ?

Là, c’était réellement la bonne question. Il fallait éviter qu’il ne revienne. Nous avons vécu un véritable enfer avec lui. Tyler mérite de reprendre des forces et pour cela, le père de Caitlin devait rester loin de nous. Essayer de le faire revenir du bon côté sera pour plus tard. Le but est de retrouver nos esprits. J’aimerais au moins une bonne nouvelle de ce côté-là. Sans le savoir, j’avais commencé à parler d’Odessa. Il va sûrement me poser des questions. J’y répondrais bien sûr si c’est le cas. Tyler me dit qu‘il avait tout tenté au fond de lui. Il espérait tellement me voir, venir le chercher au plus profond de son sommeil et je l‘ai fait. J‘étais heureux de l‘avoir aidé. Je l‘ai fait revenir rien qu‘en lui parlant. Il me précise qu‘il est là. Nous sommes en effet de nouveau ensemble. Il me demande de ne pas me rendre responsable d‘une chose qui n‘est pas de ma faute car je n‘y étais pour rien. Tyler est tellement exceptionnel.

Nathan : Tu n’as plus besoin de t’inquiéter maintenant car je suis auprès de toi. Je suis tellement heureux d’avoir pu t’aider. Nous sommes en effet de nouveau ensemble et c’est le plus important pour moi. Je ne dois pas me sentir responsable de ce qui est arrivé, tu as raison. Nous devons nous concentrer sur l’avenir.

En effet, nous devons nous concentrer sur l’avenir. L’annonce de ma fille a tout changé. On ne sait pas ce que nous réserve maintenant ce monde. Je vais devoir sûrement voyager afin de le savoir et de trouver un moyen de rétablir la vérité au sujet de Caitlin sans pour autant dire qu’elle est une spéciale mais aussi à cause de la police. Je vais devoir être discret pendant un certain temps dans cette ville. Bientôt, je rétablirais la vérité.

A chaque traumatisme, ou fait marquant de la vie de l'humanité, quelque chose d'intense restait dans l'esprit, comme une image en sommeil capable de sortir et également d'amener un sentiment négatif. Cela ressemblait à une torture de l'âme : un châtiment corporel et interne beaucoup trop puissant. Depuis mon réveil, j'avais l'impression de me ranger dans ce genre de catégorie, de m'y accrocher beaucoup trop même. Le contexte actuel de la situation devrait plutôt me réjouïr, mais dessiner un sourire était beaucoup trop difficile, comme si les larmes avaient pris le pouvoir sur ma conscience. Voir Nathan était un acte magique, mais pas suffisant pourtant. Avais-je besoin de temps, d'aide, ou de quelque chose de pire ? Je l'ignorais mais, au fond de moi, j'étais sûr que quelque chose avait changé, comme si Richard avait provoqué une sérieuse cassure que je devais réparer pour redevenir entier. Etait-ce là la marque d'un mauvais soupir, de quelque chose de dangeureux ? Nathan était là, il me rassurait, et pourtant je ne montrais qu'un faible sourire, une faiblesse par rapport à mon véritable sentiment, à la joie extrême de le revoir. Selon Nathan, la responsabilité de tout ce qui était arrivé ne venait pas de moi. Je n'avais pas besoin de me sentir fautif alors que ce n'était pas le cas. Il comprenait la réaction que j'avais adopté, dans mes paroles dures non contrôlées. Je voulais dans le fond qu'il y ait une justice, que Richard paye enfin pour ses méchancetés profondes, et je ne savais pas si cela pouvait se faire un jour. Nathan avait deviné ma pensée d'une manière tellement exacte. Il n'aimait pas me voir souffrir ainsi, et souhaitait réellement m'aider. Je ne pouvais pas souhaiter une meilleure personne auprès de moi. Mais alors pourquoi ma joie était-elle incomplète ?

- Merci Nathan, pour le fait de me rassurer, et également pour le reste. Tu tentes de me remonter le moral, et après ce que j'ai vécu, je ne pouvais pas rêver mieux. J'ai l'impression, au fond de moi, que mon souhait profond reflète la justice. Voir Richard commettre toutes ces horreurs, sans aucune justice en retour, est quelque chose que je n'apprécie pas vraiment. Je ne vois pas en quoi le monde tournerait rond en le laissant sauter dans l'herbe comme un innocent, alors qu'il n'en est pas un. Il est certes le père de Caitlin, mais il y a certaines choses qui ne doivent pas rester impunies. Tu ne trouves pas cela injuste Nathan ? Je ne dis pas qu'il mériterait la mort, même si j'y ai pensé plus d'une fois en toute honnêteté, mais qu'il devrait comprendre le fruit de ses crimes : ces horreurs ressenties, et qui restent dans le silence. J'aimerais simplement cela, au moins qu'il comprenne. Est-ce trop demandé franchement ? Est-ce quelque chose d'inaccessible que d'être heureux ne serait-ce que quelques secondes dans notre vie ? Je me le demande parfois. C'est notre but, et j'ai l'impression que l'atteindre est trop difficile, beaucoup trop. Supporter cette certitude est également une épreuve. Aide-moi Nathan, je t'en supplie.

Enfin, un exploit sortit de ma bouche. Je réclamais sincèrement de l'aide. Je savais que j'en avais besoin, mais le demander, était autre chose. Les trames des groupes d'aides étaient pourtant cela. La première étape était d'admettre qu'on avait un problème et je l'avais fait, assez tard, mais c'était quand même dit. J'aimais réellement Nathan. Dans sa présence, il m'aidait encore plus que ce qu'il croyait. Il savait également que ce genre d'événement pouvait changer la vie d'une personne. Des expériences similaires avaient également modifié sa propre perception de la vie. On avait au moins une chose en commun, même si ce n'était pas quelque chose de réjouissant. En parlant de Richard, Nathan pensait qu'il devait être loin désormais. Personne ne savait ce qu'il était capable de faire, et c'était cela qui me faisait peur, mais Nathan avait à priori des relations, des personnes qui pourraient l'aider à le renseigner à ce sujet. Il prévoyait également de faire surveiller la maison familiale des Evans, au cas où il retournerait là-bas. Cette perspective était possible, mais comment en être réellement sûr ? Pourquoi le ferait-il d'ailleurs ? Finalement, une seconde hypothèse sortit. Nathan pensait éventuellement au fait qu'il se vengerait de la Compagnie, comme le souhait qu'il avait émis plusieurs fois. C'était également possible, mais je n'y croyais pas vraiment. Pourquoi cela me paraissait-il trop facile ? Richard était quelqu'un d'imprévisible, et que faisions-nous ? Des suppositions sur sa véritable localisation ? Pourquoi plonger dans ce piège alors que nous savions à quel point Richard était subtile, que ce soit dans sa personnalité ou bien dans son comportement final ? Quelle complexité idiote dans le fond...

- Je sais à quel point une vie peut être modifiée à cause d'un changement important. L'événement, qui m'a secoué, a été quelque chose de traumatisant, mais je dois apprendre à me relever. Cela se fera avec le temps je suppose. Pour Richard, j'ai l'impression qu'on agit mal, comme si c'était trop facile. On l'a toujours défini comme quelqu'un d'inaccessible et d'imprévisible, surtout dans ces actions, alors pourquoi cherchons-nous à savoir où il est et ce qu'il fait, alors que l'on se trompe peut-être ? On ne fait que des suppositions, qui sont possibles, mais peut-être que justement, il défie l'impossible au point d'être trop complexe. Enfin, je m'explique. On pense à ce qu'il pourrait faire, mais il a toujours dépassé nos prévisions. Il est capable de penser aux choses imprévisibles. On ne pourrait pas penser comme lui jamais. Tu ne crois pas ?

Être dans ses bras définissait la tranquilité. Je pouvais enfin être serein pendant quelques instants. Mais, ma main alla percuter quelque chose de nouveau. Nathan avait l'air d'être blessé et je venais à peine de le remarquer. Pourquoi avais-je été si stupide au point de ne penser qu'à moi ? Mais pourquoi ? Un autre sentiment se ranimait alors. Je m'inquiétais pour Nathan.

- Nathan ? Tu t'es blessé ? Mon dieu, que s'est-il passé ? T'es-tu fait ceci à Odessa, ou bien à un autre moment ?

Les questions pleuvaient à une cadence infernale, sans contrôle de mes paroles mais, en même temps, l'état de Nathan m'inquiétait. Je me préoccupais d'un ami important dans ma vie. Le but était de vivre avec ses proches pour être heureux, et me voilà en train d'essayer de m'orienter vers ce but. En faisant cela, je pouvais aider ma propre conscience, et il s'agissait là d'un pas important vers l'objectif du bonheur.

"Être dans le chaos maudit de l'existence refroidissait l'âme au point de la faire mourir. Moi, insolent dans mon esprit, j'y avais survécu, sans savoir pourquoi."

Le fait d'être conscient, réveillé en ce bas monde, forgeait une nuance d'idées contradictoires. La vision, que j'avais de la vie en elle-même, avait été chamboulée par tout ce qui était arrivé. Mon coma était la porte ouverte sur l'avenir, mais pouvait également se révéler à double tranchant. Il s'agissait là d'un traumatisme flagrant, mais que je devais surmonter pour la bonne cause, afin de rebondir vers une suite favorable à ma survie. Je me doutais bien de ce qui m'attendrait si, par hasard, je venais à échouer. Nathan me rassurait au sujet de sa blessure, enfin essayait à vrai dire, car l'inquiétude dominait encore mon esprit à l'heure actuelle. Il m'expliquait que cette blessure était née à Odessa. Un des membres de la Compagnie lui aurait tiré dessus, quand il essayait de découvrir la vérité au sujet de Caitlin. Il me disait de ne pas m'en faire, car il ne s'agissait que d'une blessure légère, soignée et toujours présente. Mais c'était affreux ! Comment ce genre d'événement pouvait-il se produire ? Le fait de vouloir comprendre certains événements rentrait dans la nature humaine tout de même !

- Mais c'est horrible ! Comment peuvent-ils oser t'empêcher de comprendre ce qui avait bien pu lui arriver quand même ? Il est normal de vouloir savoir. Je trouve cela stupide que certaines personnes portent atteinte à une volonté commune. Tu me dis certes de ne pas m'inquiéter, mais je ne peux pas m'en empêcher. Tu as été blessé en mon absence Nathan. J'aurais tellement voulu, que les circonstances soient différentes, et que nous y soyons allés ensemble. Se séparer a été le début du calvaire, chacun de notre côté. Rien que le fait d'y penser me...je n'ose même pas le dire.

Les larmes, que je retenais encore, sortirent enfin de leur prison, et humidifiait mon visage de fond en comble. Je les essuyais avant que Nathan ne le fasse.

Je repensais encore à Richard, à ses horreurs, ses crimes, mais également à un moyen de le coincer. Si seulement cela était encore possible. Quand j'exprimais ma haine envers lui, Nathan la partageait, il me comprenait même. Selon Nathan, Richard devrait comprendre l'horreur de ses crimes comme il l'avait fait et suggérait le fait que la justice pourrait lui faire payer. Il était conscient de son propre changement, et me remerciait encore pour cela. Une nouvelle fois, il attrapait mes larmes, mais cette fois-ci, je ne les essuyais pas, car il s'agissait là de larmes de joie et non de tristesse. J'aimais être ainsi, car je reconnaissais de nouveau la profondeur de la vie, quelque chose qui m'avait manqué à vrai dire, aussi étonnant que cela puisse paraître. Je dessinais ensuite un sourire afin de contraster les larmes, mais je réfléchissais encore. Je repensais à tout ce que Nathan m'avait dit au sujet de Richard, tout ce qu'il pouvait faire afin de se renseigner à son sujet. Nathan pensait que Richard pouvait très bien commettre un jour une erreur, et revenir dans un endroit, qu'il fréquentait habituellement. Comment pouvait-on en être certain ? Il ne s'agissait là que d'une supposition et non une vérité établie d'avance. Comment savoir ce qu'une personne autre que nous-même ferait ? C'était impossible. Le fait de regarder dans son dossier, comme Nathan l'avait proposé, était une bonne idée, qui pourrait nous donner des pistes mais non arranger ces suppositions.

- Je sais Nathan que c'est complètement stupide, surtout pour quelqu'un qui doit sortir de l'enfer du sommeil, mais je ne peux pas me sortir Richard de l'esprit. Je n'arrête pas d'essayer de comprendre comment il peut agir ainsi, en tant qu'un monstre, et savoir comment le coincer. Il mérite de connaître le pouvoir de la justice, et payer pour ses actes. Ce fameux dossier que tu as sur lui, en quoi pourrait-il nous aider ? Cela peut nous donner des endroits, qu'il serait capable de fréquenter mais quoi d'autre ? Avoir cela nous renseigne un peu sur lui, mais ne nous permet pas de prévoir ses agissements, même si j'ai dit tout à l'heure, qu'il était impossible d'agir comme lui, mais bon, on peut bien essayer non ? Savoir où il se trouve pourrait réellement m'apaiser Nathan. J'ai besoin de cela en ce moment, vraiment.

Quelqu'un frappa à la porte. Il s'agissait peut-être d'une infirmière ou bien de quelqu'un d'autre. Je n'en savais rien à vrai dire. En entendant cette porte, je retournais dans mon lit, refusant cette future présence. Je ne voulais pas être séparé de Nathan, pas encore.

- Non, non, non, Nathan, je ne veux pas que tu t'en ailles, pas encore. On vient à peine de se retrouver. Je ne veux pas que tu partes.

Je me réfugiais sous le coussin. J'avais peur de la séparation éventuelle, qui était capable de se passer. Mes prières étaient tournées vers l'espoir.

[HRP : désolé pour le retard…]

"La meilleure maison hantée de l'existence est celle de mon âme. J'étais conscient du fait que je me détruisais petit à petit, à chaque étape de ma vie, mais je ne savais pas comment arrêter ceci, en tout cas pas encore. J'avais besoin d'aide, d'une douce présence capable de me sauver. Voir Nathan ou Caitlin accentue mes espoirs, mais chaque péripétie de la vie, me fait me séparer d’eux, comme s’il y avait une interdiction de la venue de la joie en moi. Était-ce un crime de vouloir être heureux ? Je viens de retrouver mes proches, ce n'est pas pour les perdre quelques secondes après non plus !"

Petit à petit, une fissure ne cessait de grandir dans ma tête et ceci symbolisait la peur, simplement ça, une peur immense. Je venais juste de retrouver Nathan, après autant de temps passé à l'attendre et à prier pour son retour auprès de moi, pendant ce sommeil qui avait été ma prison pendant tout ce temps. Toutes les suppositions possibles venaient hanter mon esprit, et me convaincre que la fin de nos retrouvailles approchait à grand pas. Cette issue me faisait mal, car je ne sais pas comment l’inverser. Dans ma frayeur, je ne cessais de perdre ma lucidité, au point de douter de tout. Nathan tentait de me rassurer en me disant qu'il n'allait pas partir, et que je ne devais pas m'en faire, mais je n'arrivais pas à le croire. C'était comme si mon esprit était conscient, que les issues bénéfiques devenaient largement réduites, et que la simple position à adopter était la panique, qui me faisait perdre tous mes moyens. Je n’étais plus rien, déjà que je n’étais pas grand-chose.

Sous mon coussin, je restais immobile. L’intégralité de mon corps ne cessait de tremblait même, au point que certains points du lit ne restaient point immobiles. Si un inconnu me voyait ainsi, qu’il soit infirmier, civil, ou autre chose, il allait certainement me prendre pour un fou en pleine crise, voire même pire encore. L’inconnu laissait l’humanité se faire des idées, mais je les avais également. J’adoptais cet avis sur mon âme. Selon moi, mon seul domicile valable serait l'asile psychiatrique, j'en étais sûr même. Entendre le mot "Police", venant de derrière la porte, n'arrangeait pas les choses. Je voyais également le fait que ce mot perturbait Nathan, au point qu’il me demandait même des conseils, pour faire partir la personne qui était derrière la porte, alors que j'étais déjà incapable de me gérer moi-même. Cette crise ne cessait de m’éloigner et de caresser ma douleur pour l’accentuer. Comment pouvais-je l’aider en étant dans cet état hein ? Comment pouvais-je suggérer quelque chose de crédible en sortant juste d’une période de sommeil, qui aurait très bien pu ne jamais se terminer. C’était comme si un solitaire demandait conseil à un objet inanimé, quelque chose incapable de fournir une réponse à son problème, mais qu‘il personnifiait dans sa folie. Pourtant, malgré cette image repoussante, je devais penser de toutes mes forces, à une solution capable de le sortir de ce pétrin. Pendant ma réflexion insensée, la police frappait de nouveau à la porte. Je cherchais une idée à proposer à Nathan, même si mes espoirs d’en trouver une, étaient faibles, voire même inexistants. Toutes les choses qui me venaient à l’esprit étaient impossibles. Il fallait éviter de passer par la porte principale, mais comment faire ? Je me pensais perdu, mais finalement je me trompais. Mon regard se tournait alors vers la fenêtre, qui me suggérait une idée tangible, enfin je l‘espérais. Ma chambre étant une des rares à se trouver au rez-de-chaussée, une évasion par la fenêtre principale restait possible. Il pouvait très bien passer par la fenêtre en attendant le départ de la police et revenir ensuite, ou bien me quitter. Oh non, j’avais encore peur ! Mais que faire ? Je m’approchais lentement de Nathan, et commencer à lui murmurer mon idée. Qu’allait-il en penser ? A vrai dire, je l’ignorais, mais le temps commençait à manquer. Je risquais certes de perdre Nathan encore une fois, mais il s‘agissait là d‘un risque à prendre, pour pouvoir le sauver.

- Nathan, je pense avoir une idée pour te sauver de cette situation ennuyeuse. Elle sort un peu de l’ordinaire, et il est possible également qu’elle paraisse stupide, mais cela peut éventuellement t’aider. Même si l’absence de crédibilité de celle-ci est plutôt flagrante, je vais te la proposer quand même. A toi de juger si ceci est possible ou non. Puisqu’il faut t’en aller sans pour autant passer par la porte principale, je te suggère alors la fenêtre. J’ai pensé à ceci. Selon moi, tu pourrais encore passer par la fenêtre pour t’en aller d‘ici, ou bien partir te cacher pour éviter qu‘ils ne te trouvent, selon ton bon vouloir à vrai dire. Peu importe ce que tu décideras, fais-le avant qu’ils ne frappent une dernière fois, car en général, les fédéraux attendent trois coups avant de faire irruption quelque part. Si tu veux ne pas avoir de problèmes, et pouvoir me revoir ensuite, fais quelque chose je t’en conjure ! Sers-toi de mon idée, ou bien d’une autre, mais fais quelque chose. Une fois que tu seras parti, je m’allongerais de nouveau dans mon lit, et simulera le sommeil, afin de montrer que je suis seul. Ils sont capables de me crier dessus, mais je ne te livrerais pas à ces personnes alors que tu n’as strictement rien fait Nathan ! C’est à toi de décider désormais.

Je retournais mon lit dans tous les sens, histoire de lui faire retrouver un sens logique à la vue d’un patient hospitalier. Mon coussin, qui me servait de refuge, avait retrouvé sa place d’origine. Il était temps pour moi de me recoucher, histoire de simuler le départ de Nathan. Les policiers n’avaient frappé que deux fois, mais Nathan devait agir vite s’il souhaitait s’en aller. Je ne voulais pas qu’il ait ne serait-ce qu’un seul problème par ma faute. Si les fédéraux l’attrapaient, pour un crime qu’il n’avait pas commis, je m’attribuerais la faute de cet échec, n’ayant pas pu lever un seul petit doigt. Ils pouvaient très bien m’accuser de complicité, s’ils avaient entendu mes paroles, et donc être capables également de m’inclure dans ces fausses charges. Dans leur jargon, cela signifierait une protection d’un criminel en fuite et donc sentence, variable selon la personnalité du policier. Je devais prier pour qu’il ne s’agisse pas d’une brute. Dans mon état, je ne pourrais pas vraiment supporter la perspective de voir un monstre, faire irruption dans ma chambre.